Barakamon

Barakamon
« Coucou, moi, c'est Naru, Naru Kotoishi! J'ai six ans et je vis sur la petite île de Gotô. Chaque jour, après l'école, je m'en vais explorer tous les recoins de l'île ! Comme on est que neuf enfants sur Gotô, on n'a pas beaucoup de distractions par ici et vu qu'il ne s'y passe pas grand chose, un petit rien devient vraiment excitant et on peut s'amuser de tout ! D'ailleurs, l'une de mes activités favorites est d'escalader la digue pour admirer les couchers de soleil, même si mamie Yasu me gronde sans arrêt quand je fais ça ! À force de vagabonder un peu partout, j'ai fini par trouver un endroit trop gééééénial et avec des amies, on a décidé d'en faire notre base secrète ! Et pourtant, un jour comme un autre, alors qu'on s'y amusait, voilà que quelqu'un s'introduit dans cette maison pourtant inoccupée ! Tama et Miwa ont rapidement déguerpi en me laissant seule… J'espère qu'il ne me trouvera pas cachée dans le placard… Et zut, il m'a déjà repérée ! Tiens ? Un visage inconnu ! En plus, il est trop canon ! Ah, je sais, c'est un boys band ! Miwa dit que les beaux garçons sont toujours des boys band alors il en est forcément un, non ? Ah, apparemment, non, c'est une sorte de maître calligraphe… Je sais pas trop ce que ça veut dire mais il passe son temps à écrire pour gagner des concours… C'est vrai que c'est beau mais on dirait juste l'écriture de mon instituteur… En plus, il a toujours l'air fâché alors que s'il fait ce qu'il aime, il devrait être heureux, non ? Ah, je sais, il est jamais satisfait parce qu'il veut toujours être le meilleur ! Je ne le comprends vraiment pas : est-ce que c'est si marrant d'être le meilleur ? Je n'en ai pas l'impression quand je vois à quel point il a l'air maussade… Bon, puisque c'est comme ça, moi, Naru, j'ai décidé de faire du maître quelqu'un de plus joyeux, je vais lui montrer à quel point on peut s'amuser ici et je chasserai cet air contrarié de son visage ! Hmm… Par quoi je vais bien pouvoir commencer : un magnifique coucher de soleil ? La récolte de mochi ? À moins que… ? »

Naru Kotoishi (moi) : à six ans, j'ai déjà fait tout le tour de Gotô et je connais cette île comme ma poche ! Du coup, quand Takeo boys band (c'est comme ça que j'appelle le maître) est arrivé, je n'ai pas pu m'empêcher de voir en lui une nouvelle distraction ! Même s'il a toujours l'air irrité, vous pouvez compter sur moi pour lui faire découvrir notre île et lui rendre son sourire! Vu comment je suis pleine de vie et et à quel point je suis débrouillarde, j'y arriverai assez vite, je pense ! Et vous, les amis, vous en pensez quoi ?

Seishû Handa (surnoms : maître, Takeo boys band) : aussi beau qu'un boys band, il est en fait maître calligraphe ! Apparemment, il fait de la calligraphie pour gagner des concours et sûrement pas par plaisir vue la tête effrayante qu'il fait quand il s'entraîne… D'après le chef, il a atterri sur notre île parce qu'il avait besoin d'entraînement mais j'ai entendu dire que c'était parce qu'il avait frappé un vieux monsieur qui s'était moqué de ses œuvres et que pour le punir, on l'avait envoyé ici ! Ça doit être vrai : à chaque fois qu'on dit du bien de sa calligraphie, il est tout content et tellement fier alors il n'a pas dû supporter qu'on dise du mal de ses « chefs d'œuvre ». Pour l'instant, il a rarement l'air satisfait de ce qu'il fait… En tout cas, je vais tout faire pour l'aider à s'amuser à chaque fois qu'il ira mal ! Alors, est-ce qu'un jour, il réussira enfin à prendre plaisir à calligraphier ?

Naru étant sortie pour embêter… heu… saluer Handa-sensei, c'est donc moi qui vais m'occuper de la partie « critique » et « bonus »…
Barakamon est une œuvre d'une grande originalité qui, sous prétexte de nous faire suivre les péripéties du grand maître calligraphe Seishû Handa, nous permet d'apprécier tout ce qui fait la beauté et la richesse humaine de l'archipel de Gotô ! En effet, bien que le personnage principal évolue dans le monde exclusif et très fermé de la calligraphie, l'action se déplace assez rapidement vers la petite île nippone, comme pour mieux accentuer le contraste entre les deux univers, décidément aux antipodes l'un de l'autre… D'ailleurs, dès les premières pages, la mangaka nous plonge dans l'ambiance pittoresque de l'île, notamment avec une petite virée en tracteur pour notre héros fraîchement débarqué sur Gotô… avant de nous mettre dans le contexte avec un rapide flash-back. Celui-ci nous rappelle alors dans quel milieu huppé Seishû évoluait, histoire de mettre en évidence le choc des cultures ressenti par ce dernier ! Toutefois, il ne s'agit pas de la part de l'auteure d'un parti-pris manichéen où tout ne serait qu'élitisme, froideur, lutte et hypocrisie dans le monde très feutré de la calligraphie tandis que tout serait parfait sur Gotô… On peut d'ores et déjà dire adieu aux clichés stéréotypés ! Même les scènes les plus caricaturales se trouvent être tirées d'expériences réellement vécues (notamment par le responsable éditorial de l'auteure)…
Bien plus qu'un manga sur l'opposition élite calligraphique/joie de vivre de « bouseux » campagnards, Yoshino Satsuki a su magnifiquement concilier les deux mondes afin d'en tirer une œuvre qui respire la joie de vivre et qui s'interroge sur ce qui fait vraiment le bonheur et le bien-vivre… En opposition aux marasmes actuels de la vie en suspens que mènent les gens suite aux crises financières, politiques etc. qui se succèdent, Yoshino a voulu proposer une belle leçon de vie en ramenant sur le devant de la scène les secrets d'une existence épanouie pleine de solidarité, d'entraide… Et même si la vie actuelle prône l'individualité, vu où cela mène le monde, n'est-il pas temps de lâcher prise et remiser la course aux titres et à l'argent au placard pour tendre les bras à l'altruisme ?
Au-delà du message d'amour de l'auteure pour sa région natale, le graphisme qu'elle emploie sert magistralement son propos tant il est dynamique et expressif ! De même, on a l'impression que l'île en elle-même est un personnage à part entière : les différents décors sont assez variés et représentatifs d'un monde proche de la nature et contribuent à ce sentiment de sérénité et de calme (quand la tornade Naru ne passe pas dans le coin, bien évidement) Seul petit bémol : les proportions ne sont pas toujours maîtrisées (notamment, les mains des personnages) et les traits de certains ne sont pas aussi détaillés qu'on le souhaiterait… S'agissant du premier tome de Barakamon, l'auteure cherche encore peut-être son style avant de se fixer, comme ça a été le cas pour bon nombre de mangakas qui ont publié des séries… À suivre!

L'archipel de Gotô dont il est question dans Barakamon se trouve être l'île natale de l'auteure, Satsuki Yoshino! Autant dire qu'elle sait de quoi elle parle quand elle met en scène la vie sur cette petite île de l'extrême ouest du Japon !
D'ailleurs, elle qui voulait transmettre la joie de vivre communicative de sa région natale a décidé d'appeler son œuvre Barakamon, tout simplement parce que dans le dialecte de Gotô, cela signifie « une personne en pleine forme » !
, le 14.09.2013

Commentaires 0

Il n'y a aucun commentaire pour le moment.

Réagir Connectez-vous pour pouvoir réagir ou inscrivez-vous à la communauté Otaku-Attitude !
Titre original Barakamon
1ère parution
Genre(s) Comédie
Volume(s) En cours
Auteur(s)
Éditeur Ki-oon
Recommander & partager
otaku aime cet article sur Barakamon.
Autres articles de Keigo Miyake
Rechercher un article
Acheter Barakamon
Nos heureux partenaires