Beelzebud

Beelzebud

Il était une fois, quelque part dans une petite ville du Japon, un lycéen qui s'appelait Oga Tatsumi. Ce jeune homme, bien sous tous rapports, était en train de tabasser tranquillement une dizaine de délinquants près de la rivière quand tout à coup, il aperçut un étrange homme moustachu flottant sur l'eau, le torse percé d'une flèche. N'écoutant que son bon cœur, Oga entreprit de le ramener sur la rive. Et là, à son grand étonnement, le corps de l'homme se scinda en deux et un bébé aux cheveux verts apparût dans un halo de lumière...

Et c'est ainsi que débute le très divertissant « Beelzebub » de Ryūhei Tamura. Je tiens à préciser qu'il s'agit là du tout premier manga sérialisé de l'auteur ! Jusqu'ici, Ryūhei Tamura avait été l'assistant de Toshiaki Iwashiro – l'auteur de Psyren – et n'avait réalisé que quelques one-shots. A noter également que le manga a été adapté en animé mais, ne l'ayant jamais vu, je laisse à quelqu'un d'autre le soin de juger.

Oga Tatsumi, lycéen délinquant, se voit contraint de devenir le (malheureux) parent d'adoption du futur roi des Démons, Kaiser de Emperana Beelzebub IV (surnommé « Baby Beel ») après l'avoir découvert dans le corps d'un homme flottant dans la rivière. Choisi parmi les humains pour sa force, son arrogance et sa méchanceté, Oga est censé élever Baby Beel jusqu'à ce qu'il soit en âge de détruire l'humanité.

Cela va sans dire, cette nouvelle fonction déplaît fortement à Oga. Pour ne pas arranger les choses, Baby Beel est tellement attaché à son nouveau papa qu'il refuse de s'éloigner de lui de plus de quinze mètres. Un centimètre de plus et le bambin éclate en sanglots et électrocute tout ce qui se trouve autour de lui.

De plus, Baby Beel n'est pas tout seul ! Hildegarde, la nurse assassine de Baby Beel, a décidé d'élire domicile dans la maison des Oga. Elle souhaitait rester au plus près de son jeune maître après avoir constaté qu'il était impossible de séparer Baby Beel et Oga. Autant dire que cela suscite pas mal de quiproquos dans la famille.

Oga va donc tout mettre en œuvre pour se débarrasser du môme. Parallèlement, il effectue sa rentrée au sein du lycée d'Ishiyama, un antre de violence rempli de délinquants assoiffés de combats. Avec Beel accroché au dos, il espère bien trouver un nouveau parent d'adoption parmi les caïds de son établissement.

Oga Tatsumi : Lycéen délinquant et violent, Oga Tatsumi se voit imposer la lourde tâche d'élever Beel, jusqu'à ce qu'il soit en âge de détruire l'humanité. Ce brave garçon va faire tout son possible pour se débarrasser de Beel tout en s'élevant dans l'échelle sociale du lycée Ishiyama.

Baby Beel : (Kaiser de Emperana Beelzebub IV alias « Baby Beel » ou « Beel »). Son étonnante couleur capillaire et son dédain envers les vêtements ne sont pas les seules particularités de Beel. Ce bébé est en réalité le fils du roi Démon, destiné à anéantir l'humanité et accéder au trône. En attendant, il réside dans le monde des humains dans une famille d'adoption, sous l’œil vigilant de Hildegarde.
Il ne supporte pas d'être séparé de plus de quinze mètres de son nouveau papa. Son entourage met tout en œuvre pour éviter des pleurs car, chez Beel, une grosse crise de sanglots se transforme en foudre incontrôlée.

Furuichi Takayuki : Il s'agit là du meilleur ami et sidekick de Oga. Incapable de se battre, il est l'unique non-délinquant de tout Ishiyama. Son amitié indéfectible avec Oga suscite beaucoup d'interrogations au sein de l'établissement. Coureur de jupons invétéré, il alterne les rôles : il est à la fois un élément comique récurrent du manga et la voix de la raison parmi tous les protagonistes.

Hildegarde (Hilda) : Cette nurse au look goth-loli fait une apparition très remarquée au début du manga en détruisant la maison de Furuichi et en invoquant un gigantesque démon dans la rue pour récupérer Beel. Constatant qu'une séparation est impossible, elle décide de s'installer chez Oga pour veiller sur son jeune maître. Très froide et stoïque, elle perd toute austérité lorsqu'elle joue avec Beel.

Alaindelon : Oui, oui, vous avez bien lu : il s'appelle Alaindelon ! Comme l'acteur ! Ce brave monsieur moustachu gonflé aux anabolisants est l'homme qui flottait dans la rivière. C'est un homme au cœur sensible qui éprouve des sentiments plus que platoniques envers Furuichi. (Malheureusement, ce n'est pas réciproque.)

Cela tombe bien : Ryūhei Tamura vient d'achever la série en février dernier. Il sera donc possible de faire une critique et de juger l'intégralité de l’œuvre, petits veinards !

Pour faire simple, la critique sera découpée en plusieurs parties :
– Tout d'abord, le graphisme, car c'est ce que l'on voit en premier.
– Ensuite, les personnages que l'on découvre et qui évolue tout au long du manga.
– Et enfin, le meilleur pour la fin, le scénario.

Le graphisme

Comme je vous l'ai indiqué en introduction, « Beelzebub » est le tout premier manga sérialisé de Ryūhei Tamura. Pour un coup d'essai, j'ai trouvé qu'il s'en sortait très bien ! Dans l'ensemble, le manga est très agréable à lire visuellement.

Naturellement, le dessin a énormément évolué au fur et à mesure des tomes. Voici une petite comparaison !

Chapitre 1


Chapitre 188

Ce n'est que mon opinion personnelle mais j'ai l'impression que Ryūhei Tamura est toujours en train de rechercher son propre style. On a hâte de voir ce que cela va donner une fois qu'il l'aura trouvé!

A propos de style, j'ai mentionné que l'auteur avait été l'assistant de Toshiaki Iwashiro, l'auteur de « Psyren ». N'ayant jamais lu la série, je suis donc allée jeter un coup d’œil afin de voir si Ryūhei Tamura ne s'était pas trop « inspiré » du style de Toshiaki Iwashiro. Je craignais une sorte de copier/coller, un peu comme « Fairy Tail » avec « One Piece ».
J'ai été agréablement surprise de constater que Ryūhei Tamura cherche bien à se forger un propre style et ne s'est pas inspiré servilement de celui Toshiaki Iwashiro. Un bon point pour Ryūhei Tamura.

Les personnages

Les personnages secondaires sont clairement un des points forts de la série. Ryūhei Tamura nous offre une abondance de personnages, tous aussi excentriques et décalés les uns que les autres. Entre les lycéens délinquants de Ishiyama, ceux du lycée privé voisin, le grand frère de Beel et toute sa clique de démons, l'actuel roi Démon complètement à l'ouest, et j'en passe... il y en a pour tous les goûts et ils sont tous très attachants chacun à leur manière.


Je vous laisse la surprise de tous les découvrir : les citer serait beaucoup trop long et, surtout, m’amènerait à vous spoiler sur les différents arcs de la série.


Une petite partie du cast de Beelzebub

Là où j'ai eu un léger souci, c'est au niveau de l'évolution des personnages principaux. J'ai eu la drôle d'impression que lorsqu'un personnage faisait un pas en avant, c'était aussitôt pour reculer d'un pas en arrière !

L'exemple le plus flagrant concerne sans nul doute Furuichi (pour mémoire, le sidekick non-délinquant de Oga). Pendant un arc, le pauvre garçon voit sa situation évoluer vers quelque chose de plus prometteur que le stéréotype du « meilleur ami comique/pervers qui ne sert à rien »...pour ensuite redevenir le gag récurrent de la série quelques chapitres plus loin ! Une frustration pour les fans !


Le cerveau, oui, mais durant quelques chapitres seulement !


Le scénario

Et voilà, nous arrivons au point avec lequel je suis un peu fâchée : le scénario.
Le manga débute ses premiers arcs sur un ton complètement décalé et, bien évidemment, comique. On y suit les tribulations d'Oga dans le monde merveilleux de la paternité et ses tentatives infructueuses pour se séparer de Baby Beel.

Les premiers arcs sont plus farfelus les uns que les autres. On retiendra notamment le mémorable chapitre où Baby Beel, en pleine saison de la miction, inonde la maison de Oga d'urine bénite (Oui, vous avez bien lu.)
Parallèlement, Oga effectue son ascension au sein de Ishiyama, pulvérisant un par un les maîtres des lieux, et déplore de ne pas trouver de papa ou de maman assez fort pour Beel. L'auteur ne s'attarde pas particulièrement sur les combats. Ceux-ci sont expédiés avec une rapidité incroyable (un peu comme les combats de Saiyuki contre les yôkai). Tant mieux car « Beelzebub » n'est pas un manga de combat pur.


Victoire par KO en un coup !

La suite s'annonce encore plus prometteuse avec l'arrivée de nouveaux éléments surnaturels. Les démons font leur apparition dans le monde des humains et on ne peut que s'en réjouir. On enchaîne les quiproquos, les combats et quelques arcs rondement menés. On sent qu'il y a du potentiel, que ça peut évoluer vers quelque chose de pas banal, surtout que l'auteur commence à insérer des arcs plus sérieux et sème par-ci, par-là des éléments qui nous font poser des questions...

…et c'est comme un soufflé qui retombe.

C'est assez compliqué pour moi de vous expliquer en détail ce problème de scénario car ces soucis apparaissent surtout vers la fin de la série. Et je ne veux surtout pas risquer de vous spoiler. Je vais quand même essayer d'être claire.

Certes, il y a une certaine continuité entre les arcs en ce sens que l'on prend en compte ce qui s'est déroulé auparavant et que les arcs ne peuvent pas se lire indépendamment. Le problème, c'est qu'il n'y a aucune trame principale, aucun fil directeur autour duquel est axé le manga !

(D'où le souci de l'évolution des personnages principaux : le personnage qui a beaucoup évolué dans un des arcs plus sombres redevient le sombre idiot qu'il était dans le chapitre d'après qui est d'un ton de nouveau léger et humoristique.)

Si seulement, il ne s'agissait que de l'absence d'un axe directeur...Ryūhei Tamura fait pire : il nous frustre ! Il nous distille de-ci, de-là, des petits éléments qui font saliver le fan. Ce dernier y voit des indices pour la suite, s'imagine des scenarii et se dit que le gros de l'histoire reste à venir. Sauf que maintenant que la série est finie, force est de constater que non, il n'y aura pas le « gros de l'histoire » que le fan attendait.

Après lecture, on a cette horrible sensation que le manga n'est pas terminé du tout et que l'on aurait encore de quoi faire une dizaine de tomes. Que de potentiel gâché !


Ce remake de la Team Rocket ne fera qu'une très brève apparition...

La fin d'un manga est toujours délicate : il faut savoir quand la mettre et comment la mettre. Ici, à mon goût, elle a été complètement bâclée. Elle donne le sentiment que l'auteur s'est désintéressé de son manga au beau milieu et qu'il a souhaité en finir le plus rapidement possible. Ce qui est faux puisque Ryūhei Tamura a annoncé un spin-off de « Beelzebub ».

Pour être franche avec vous, cette fin, je ne l'ai pas du tout mais alors pas du tout vu venir ! Pourtant cela faisait plus d'un an et demi que je suivais Beelzebub chaque semaine. L'avant-dernier chapitre était la conclusion d'un gros arc riche en action et je m'attendais naturellement à un petit chapitre plus calme et humoristique ou à l'introduction d'un nouvel arc. Que nenni, mes chers amis !

Le fan se prend une grosse claque au visage car rien, à mon sens, ne laissait présager que la série allait se terminer (du moins, juste en lisant le manga). Pourquoi cette fin en queue de poisson ? Je me le demande encore.

Vous ne pouvez pas imaginer, au bout de 27 volumes, à quel point c'est frustrant de voir un manga avec tant de potentiel scénaristique finir aussi brusquement alors que l'on s'est énormément attaché à l'univers et à tous ses personnages.

Le maître mot du scénario de « Beelzebub » : frustration extrême !

Ne vous méprenez pas : j'ai adoré « Beelzebub » et je vous recommande vivement de le lire ! Pendant plus d'un an, chaque semaine, j'ai attendu sagement que soient publiés les chapitres. Les idées de base sont géniales et les personnages sont ultra attachants même si la plupart sont des délinquants ou des démons pas très recommandables.


Mais voilà : qui aime bien, châtie bien ! J'ai tellement aimé Beelzebub que je ne peux pas m'empêcher de finir la série sur un sentiment de frustration. Il y avait là tellement de potentiel, tellement d'éléments non-élucidés ou non développés que cela méritait bien quelques tomes de plus ! (Heureusement que les fanfictions sont là pour apaiser le fan!)

Rappelons une dernière fois qu'il s'agit là du premier manga de Ryūhei Tamura. Il faut bien que cet auteur se fasse la main ! Il s'agit de quelqu'un de prometteur et il faudra surveiller ses prochaines publications avec attention !
, le 12.01.2015

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Titre original Beruzebabu
1ère parution
Genre(s) Non défini, Combats & Arts Martiaux, Comédie
Volume(s) 27
Auteur(s)
Éditeur Kazé
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