Harlock, plus connu chez nous dans les années 80 sous le nom d’Albator, est un personnage de fiction créé par Leiji Matsumoto en 1969. L’univers de Captain Harlock se décline et se suit sur plusieurs formats : film d’animation, série ou encore manga. Bien que le tout récent film du capitaine en 3D soit visuellement plus attrayant, c’est sur Arcadia of My Youth que va porter ma chronique.
Il revient Alba… Ah, ben non ! il s’en va…
Avant toute chose, sachez que je ne suis pas COMPLETEMENT étranger à l’univers d’Harlock. Disons que j’ai chronologiquement mal démarré la série. J’avais lu en anglais Captain Harlock (disponible en VF chez Kana, en 5 tomes) qui se situe presque à la fin de l’histoire… J’ai donc commencé sans les éléments-clés du scénario, à savoir pourquoi Harlock ne peut revenir sur terre, qui était sa dulcinée, qu’est-ce qui le pousse à se battre…? et, dans les éléments moins utiles : comment est-il devenu borgne, d’où vient son corbeau ?
Plaçons le contexte du film : nous sommes à la fin du 30ème siècle et la Terre est asservie par les humanoïdes. Pour plus de détails sur le pourquoi de cette colonisation, il vous faudra voir le film Princesse Millenium ou la série La Reine du Fond des Temps. Voici ce que nous apprenons ici : Harlock est déjà ténébreux et rebelle, c’est aussi un pilote d’exception. Le film se penche sur sa rencontre avec Tochiro, un mécanicien de génie.
Allez savoir pourquoi, mais la relation avec Maya, censée être l’amour de la vie du capitaine corsaire, n’est que très peu décrite. Nous savons qu’elle est recherchée par les humanoïdes à cause de son émission radio, qui invite l’humanité à garder espoir face à ses envahisseurs, mais nous n’en saurons pas plus. Difficile d’accorder du crédit donc à ce personnage assez fade que Harlock tentera à tout prix de sauver. Une explication sur leur relation aurait été appréciable ici afin de mieux comprendre ce qui liait si fort ces deux amants.
En revanche, nous comprendrons parfaitement la splendide alchimie et amitié qui lie Harlock à Tochiro dès leur première rencontre via la présence de flashbacks qui remontent plus de mille ans en arrière. Leurs ancêtres sont devenus les meilleurs amis du monde un bref instant lors de la seconde Guerre Mondiale : Une amitié si forte qu’elle en restera gravée dans l’ADN des deux lignées. C’est très japonais tout ça et, par conséquent, hautement WTF, mais gageons que l’effort est louable et surtout très travaillé.
Reste que, si le scénario est « bon » à l’instar de la réalisation, il y a beaucoup trop de choses à traiter en à peine deux heures. Le film souffre donc de séquences que l’on sent raccourcies : ceci explique sans doute l’absence du traitement de la relation Harlock/Maya mais aussi le voyage expéditif sur Tokarga. Le gigantesque Arcadia semble avoir été créé par Tochiro tout seul ce qui décrédibilise encore plus le film pour peu qu’on ne se laisse pas happer par son rythme effréné. En effet, comment un seul homme a-t-il pu construire à lui tout seul un tel engin ? Comment a-t-il fait pour se procurer le matériel nécessaire dans une planète déserte ?
Un film d’ambiance et visuel
Si les faiblesses du script sont trop évidentes pour que le fan aguerri n’en tienne pas compte, il faut néanmoins admettre que l’univers de Harlock est très attrayant. Ce space opéra conserve tout son charme grâce à ses héros charismatiques, notre capitaine en tête de liste. Le contexte politique de la colonisation est lui aussi très appréciable.
On sent que Matsumoto s’inspire de la seconde guerre mondiale, les souvenirs des ancêtres de Tochiro et Harlock ne sont pas introduits au hasard. Les humains sont soumis à une « race » qui leur est supérieure et qui tente d’imposer son hégémonie à la galaxie toute entière. L’idée est bonne, bien que traitée uniquement en surface. Encore une fois, le long métrage souffre de son format.
Les affrontements, à coup de pistolet laser, sont bien sympathiques mais ce sont trois passages à bord du vaisseau de l’Arcadia qui donnent tout son cachet à l’œuvre. Tout d’abord parce que le réalisateur a eu le bon goût de rendre ces passages assez longs. Ensuite, parce que tout le drame humain qui découle de la guerre entre les humanoïdes et les hommes s’y ressent.
L’unique combat spatial du récit vaut son pesant d’or tant il atteint des sommets d’intensité. Harlock et son adversaire sont d’une noblesse et d’un courage sans faille. On regrette donc que le film manque de scènes aussi développées.
Toute la détermination de Harlock sera mise en exergue lors de ces moments émotionnellement intenses. Le gros du budget a sûrement été consacré à ces parties qui n’ont pas à rougir de leur indéniable qualité visuelle. Que reste-t-il à dire d’Arcadia of My Youth ? Le doublage est bien entendu de qualité et les musiques de Toshiyuki Kimori sont parfaitement en phase avec l’histoire. Il faut aussi apprécier le chara-design particulier du mangaka qui ne fait pas forcément l'unamité.
AOMY constitue donc une belle entrée en matière dans l’univers du capitaine corsaire sans pour autant laisser un souvenir suffisamment bon pour être considéré comme un incontournable.